Réforme des catégories féminines 2025/2026 : un pas en avant… mais à quel prix ?
- FootValaisFeminin

- 6 mai
- 4 min de lecture

C’est une petite révolution qui s’annonce dans le football féminin suisse. Dès la saison 2025/2026, l’Association Suisse de Football introduira une nouvelle répartition des catégories : les jeunes joueuses évolueront désormais en (FF-7, FF-9), FF-11, FF-14, FF-17 et FF-21. Une réforme ambitieuse, pensée pour offrir un cadre plus structurant et mieux adapté au développement des filles. Elle s’inscrit dans la volonté d’uniformiser les trajectoires avec celles du football masculin, tout en tenant compte des spécificités du football féminin.
Mais si, sur le papier, cette réforme semble cohérente et prometteuse, elle soulève aussi de nombreuses interrogations, notamment dans les clubs valaisans. Le projet est séduisant dans ses intentions. Sa mise en œuvre, elle, s’annonce bien plus délicate.
Ce qui change concrètement :
FF-11 : remplace les actuelles FF-12 dans un format PlayMore, plus ludique et orienté vers le développement global.
FF-14 : se jouera en 7 contre 7 ou 9 contre 9, reprenant les formats D-7 et D-9.
FF-17 et FF-21 : transition vers le jeu à 11 contre 11, avec une volonté affirmée de préparer les joueuses au football dit “adulte”.
L’objectif est clair : assurer une progression logique, lisible et continue pour toutes les jeunes filles, du jeu réduit au grand terrain. Un véritable parcours de formation prend forme. Mais…

FF-17 : le grand terrain dès maintenant
La généralisation du jeu à 11 en FF-17 permet aux filles de découvrir plus tôt les exigences du grand terrain. C’est un plus en termes de formation et de transition vers le haut niveau. Cette adaptation s’inscrit dans une logique d’alignement avec le football masculin : désormais, filles et garçons passeront au 11 contre 11 au même moment. Une avancée salutaire pour l’égalité sportive. Une fille évoluant jusqu’ici en juniors garçons (catégorie C) ne vivra plus le passage en équipe féminine comme une régression structurelle.
Mais cette évolution suppose aussi des effectifs plus larges. Là où le 9 contre 9 pouvait suffire avec une quinzaine de joueuses, il en faudra désormais 18 à 20. Pour les clubs déjà fragiles sur le plan des contingents, c’est une contrainte de plus à gérer.
FF-21 : une catégorie charnière… ou concurrente ?
C’est la nouveauté qui concentre tous les débats. La FF-21 a été pensée comme une passerelle indispensable entre les juniors et les actives. Avec le nouvel échelonnement, le saut entre les FF-17 et les actives devient trop grand, tant physiquement que mentalement. Cette nouvelle catégorie pourrait ainsi prolonger la formation, retarder l’abandon, fidéliser davantage de joueuses.

Elle présente aussi un intérêt pédagogique fort : les filles devront désormais obligatoirement passer par le football à 11 en juniores avant d’accéder aux actives, ce qui n’était pas toujours le cas jusqu’à présent. Cela favorisera une transition mieux préparée, plus fluide et plus compétitive.
Mais dans un canton comme le Valais, où le bassin de joueuses reste modeste, cette catégorie risque d’entrer en collision directe avec les équipes actives. Les effectifs sont limités. Et les clubs, déjà sous pression, devront parfois choisir : maintenir une équipe active ou créer une FF-21 ?
À ce sujet, une inquiétude revient régulièrement : personne ne souhaite affaiblir les équipes de 3e ou 4e ligue déjà fragiles. Toutefois, à plus long terme, les clubs les mieux structurés pourraient tirer profit de cette nouvelle catégorie, à condition qu’elle soit bien intégrée dans leur plan de développement.
Une mise en œuvre sous tension
Le plus gros défi, c’est le temps. La réforme entre en vigueur dès l’été prochain, laissant peu de marge pour l’adaptation. Or, les changements à opérer sont lourds :
Réorganisation complète des contingents
Recrutement d’encadrant·e·s
Ajustement des plannings
Gestion logistique et administrative
Pour les petits clubs, souvent gérés par des bénévoles, c’est un vrai casse-tête. Et une réforme réussie ne se décrète pas : elle se construit, pas à pas, en tenant compte des réalités du terrain.
Une réforme porteuse… si elle est accompagnée
Malgré tout, cette refonte des catégories a le mérite de clarifier les parcours, d’aligner les formats, de renforcer la progression et la visibilité du football féminin. Elle témoigne d’une volonté sincère de structurer, d’élever le niveau et de pérenniser l’engagement des filles dans le football.
Encore faut-il que cette volonté se traduise en moyens.




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