Former autrement pour mieux entraîner
- FootValaisFeminin

- 11 févr.
- 3 min de lecture
Faut-il un module spécifique pour le football féminin ?
Le football féminin connaît une progression fulgurante. De plus en plus de joueuses foulent les terrains, les compétitions féminines gagnent en visibilité, et les clubs investissent dans leurs équipes féminines. Pourtant, un élément semble encore manquer à cette évolution : une formation spécifique pour les entraîneurs du football féminin.

Actuellement, les formations sont pensées pour un football universel, sans distinction entre les besoins des joueuses et ceux des joueurs. Mais peut-on vraiment ignorer les différences physiologiques, biologiques et psychologiques qui influencent la performance et la progression des joueuses ?
Un football identique, des besoins différents
Soyons clairs : les bases du football sont les mêmes, que l’on entraîne une équipe masculine ou féminine. La technique, la tactique et l’intelligence de jeu ne dépendent pas du genre. Pourtant, certains aspects du développement des joueuses nécessitent une approche plus fine, qui pourrait être mieux intégrée aux formations d’entraîneurs.
Une croissance et un développement physique spécifiques

L’un des premiers éléments à prendre en compte est le développement musculaire et la croissance. Les filles connaissent un pic de croissance plus précoce que les garçons, généralement vers 11-12 ans, tandis que les garçons atteignent ce stade entre 13 et 14 ans. Cette différence a un impact direct sur plusieurs aspects de l’entraînement :
Force et explosivité : Pendant la puberté, les changements hormonaux influencent la puissance musculaire et la coordination. Les joueuses peuvent connaître une baisse temporaire de performance, ce qui demande un suivi adapté.
Prévention des blessures : Le football féminin connaît un taux de blessures plus élevé, notamment des ligaments croisés, en raison de la biomécanique spécifique des joueuses. Des exercices adaptés de renforcement musculaire et de proprioception doivent être intégrés dès le plus jeune âge.
Charge d’entraînement : La planification des séances doit tenir compte des phases de croissance pour éviter la surcharge et favoriser une progression optimale.
Le cycle menstruel : un facteur à prendre en compte ?
Le sujet est encore tabou, mais le cycle menstruel peut avoir un impact sur la performance et le risque de blessure. Certaines périodes du cycle sont associées à une fatigue accrue, une baisse de la concentration ou une fragilité ligamentaire plus importante.
La solution ? Mieux former les coachs à ces variations naturelles pour qu’ils puissent adapter, si besoin, la charge de travail sans tomber dans le cliché ou l’excuse. Ce n’est pas une faiblesse, mais un paramètre de plus à prendre en compte dans l’entraînement.

Intégrer les variations du cycle menstruel dans la gestion de la charge d’entraînement représente un véritable défi dans un sport collectif comme le football, où une vingtaine de joueuses peuvent être concernées, chacune avec un cycle différent.
Alors, est-ce une mission impossible ? Pas forcément. L’idée n’est pas de créer un programme individualisé pour chaque joueuse, mais plutôt de sensibiliser les entraîneurs à cet aspect pour qu’ils puissent l’intégrer intelligemment à leur approche globale.
La confiance et la psychologie, un rôle clé
Plusieurs études en psychologie du sport montrent que les joueuses sont souvent plus sensibles aux retours de leurs entraîneurs. Elles cherchent à comprendre le pourquoi des consignes et réagissent mieux à une pédagogie basée sur la valorisation et la communication positive.
Un entraîneur formé à ces spécificités saura :
Créer un environnement de confiance pour encourager la prise de risques et la progression.
Adapter son discours pour favoriser la motivation et l’investissement des joueuses.
Développer un leadership plus inclusif, essentiel pour encadrer des équipes féminines sur le long terme.
Un module de formation spécifique : à quoi pourrait-il ressembler ?
Si un tel module voyait le jour, voici quelques thématiques clés qu’il pourrait aborder :
Comprendre les différences physiologiques : croissance, puberté, développement musculaire.
Adapter la préparation physique pour prévenir les blessures et optimiser la performance.
Intégrer les variations du cycle menstruel dans la gestion de la charge d’entraînement.
Développer une approche psychologique adaptée pour renforcer la confiance et la cohésion.
Apporter des stratégies de coaching spécifiques pour maximiser le potentiel des joueuses.
Ce module pourrait être intégré aux formations d’entraîneurs existantes, par exemple dans le cadre du diplôme C-basic de l’ASF, ou proposé comme une spécialisation optionnelle pour les coachs désireux de se perfectionner.





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